Troisième partie: De retour à Bourges

Suite au repérage du patronyme Cottenoire effectué dans les registres de la commune d’Auxerre par Pierre Le Clercq, j’ai communiqué avec ce dernier pour solliciter son aide. C’est un généalogiste de renom qui est aussi président de la Société généalogique de l’Yonne – département dans lequel se trouve la ville d’Auxerre. Malheureusement il n’a pu me communiquer d’autres renseignements concernant les Cottenoir qui ont vécu à Auxerre avant 1600.
La piste des Cottenoire à cet endroit semble s’arrêter avec le huguenot Jean Cottenoire passé en jugement en l’année 1569… et probablement exécuté peu de temps après.
La base de données de la Société généalogique de l’Yonne que Pierre Le Clercq a consultée pour nous ne contient aucun acte de mariage de Cottenoire après 1600.
À la suggestion de ce dernier j’ai consulté le site des Archives départementales de la Charente-Maritime et plus spécifiquement les fonds des actes d’engagement notariés et des départs pour la Nouvelle-France à partir de La Rochelle. Je n’ai trouvé aucune trace de notre ancêtre Anthoyne Cottenoyre, ni de son beau-père Sébastien Provencher, le père de Marguerite, notre ancêtre maternelle.
Premiers rayons de lumière dans le tunnel

En poursuivant ma navigation sur la Toile j’ai fait la découverte d’un site fort précieux – Le portail européen des archives – qui pour le patronyme Cottenoire affiche, à mon grand étonnement, 14 mentions de ce nom pour la commune de Bourges entre 1544 et 1649.
Ce sont des transcriptions de titres d’actes provenant des fonds de notaires à Bourges. Les titres des actes concernant les Cottenoire sont reproduits dans le document pdf ci-dessous :
Ces mentions viennent recouper certaines informations dont nous avons fait état dans notre premier commentaire en rapport avec Bourges.
Une première lignée familiale se dessine autour du couple Jean Cottenoire et Perronnelle Delaporte qui se marient à Bourges en 1604 ou 1605. Jean pourrait être le fils de Mathieu Cottenoire mentionné dans des documents entre 1544 et 1548. Jean et Perronnelle ont eu 4 enfants. Leurs trois filles se sont mariées au cours des années 1640. Quant à leur fils Jean, né en 1616, on ne sait pas encore s’il a eu une descendance.

Les descriptif des documents trouvés sur Le portail européen des archives permet de dresser une liste des mariages des Cottenoire à Bourges entre 1600 et 1700.
– 1604 : Jean Cottenoire et Perronnelle Delaporte
– 1606 : Thoinette Cottenoire et André Robin
– 1642 : Guillemette Cothenoire et Jean Bardillon (Saint-Ursin)
– 1642 : Nicolas Cottenoire et Jeanne Auclere (Saint-Ambroix)
– 1644 : Marie Cottenoire et Marcel Harbelot (Saint-Pierre-le-Guillard)
– 1645 : Marye Cottenoire et Jean Labbé (Saint-Pierre-le Puellier)
– 1648 : Guillementte Cottenoire et François Bourguignon (Saint-Médard)
– 1653 : Catherine Cothenoire et François ??? (Saint-Pierre-le-Marché)
Autres rayons de lumière dans le tunnel
Une autre recherche sur le site Gallica portant sur le patronyme Cottenoire nous conduit à deux autres documents fort révélateurs.
Le premier est extrait des Mémoires de la Société historique, littéraire et scientifique du Cher – 1868-1945. On y trouve un texte en rapport avec l’Université de Bourges et dans lequel il est fait mention d’un certain Mathieu Cottenoir en 1628 :
L’extrait est le suivant :
» Les Allemands fixés en Berry restaient en relation avec leurs compatriotes des autres Universités et avec leur famille. Pour transmettre la correspondance, les paquets, de l’argent, chaque Université el chaque nation avaient leurs messagers. Ceux-ci avaient le monopole du transport de la correspondance et défense formelle était faite aux étudiants de s’adresser dans ce but à des particuliers.
Mais la défense était parfois enfreinte. C’est ainsi qu’en 1628 l’étudiant Thierry Kelleler charge Mathieu Cottenoire, maître tailleur d’habits, moyennant la somme de vingt-cinq sous
par jour, de porter
une lettre à Sythen
en Weslphalie, dans l’espace de quatorze
jours, et d’en rapporter une réponse dans un temps équivalent ».
D’où vient donc ce Mathieu Cottenoire, maître tailleur d’habits. L’événement
rapporté se déroule en 1628 à Bourges. De qui est-il donc le fils. A-t-il eu
une descendance ?
Mais ce qui est encore plus intéressant c’est la mention pour la première fois d’un certain François Cottenoir en 1658/59 à Bourges.
Ce nom apparaît dans l’inventaire des Archives Départementales antérieures à 1790 rédigées par messieurs Barberaud et Boyer, archivistes.
Le relevé B3360 pour les années 1655-1657 – (Justice du bourg de St. Ursin et de la Chapelle St. Ursin) – se lit comme suit :
« Déclaration des frais et dépens faits par Silvain Hervier, commissaire établi à régir la maison saisie sur Jean Belliot à la requête de François Cottenoire ».
Ce François Cottenoir serait-il le père de notre ancêtre Anthoyne ?
La question est posée et le mystère reste entier.
Conclusion(s)
Les documents précédemment cités nous laissent avec 6 noms de personnes de sexe masculin pouvant nous permettre possiblement d’élucider l’origine de notre ancêtre Anthoyne.
(1) Mathieu Cottenoire, marchand de son métier, mentionné entre 1544 et 1548.
(2) Martin Cottenoire, tanneur de son métier, mentionné en 1588, possiblement fils de Mathieu.
(3) Jean Cottenoire, praticien, mentionné lors de son mariage en 1604 et possiblement lui aussi fils de Mathieu.
(4) Gilbert Cottenoir, maître écrivain, mentionné vers 1628/32.
(5) Nicolas Cottenoire, mentionné lors de son mariage en 1642.
(6) François Cottenoir, mentionné dans un acte notarié datant de 1658/59.
Addendum :
La mention du nom de Gilbert Cottenoire dont la profession est « maître écrivain » mérite qu’on s’y attarde un peu.
Gilbert Cottenoire est identifié dans un acte notarié rédigé entre 1628 et 1632 comme « maître écrivain du duc d’Enghien ».
Selon Wikipedia : « Un maître écrivain est un professionnel qui, sous l’Ancien Régime (avant 1792), faisait son métier de bien écrire et généralement d’enseigner cet art ».
Dans le cas de Gilbert Cottenoire il semble avoir exercé un temps sa profession auprès du duc d’Enghien.
Toujours d’après Wikipedia , celui qui porte le titre de duc d’Enghien à cette époque est « … Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé, … né le 8 septembre 1621 à Paris et mort le 11 décembre 1686 à Fontainebleau ». Ce prince du sang était un possible héritier de la couronne royale de France. Il a fait ses études au collège des jésuites de Bourges, d’où le lien avec notre Gilbert Cottenoire.

Le Grand Condé
par le peintre Justus van Egmont.
(Wikipedia)